Bénin Science

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jeudi 14 avril 2011

Bénin : les moustiquaires encouragent la vaccination des enfants

Bénin : les moustiquaires encouragent la vaccination des enfants
Centre de Santé de Dangbo, commune située à six kilomètres de Porto-Novo, la capitale du Bénin,  à quarante kilomètres de Cotonou. C’est dans la matinée du vendredi 14 janvier 2011. L’harmattan battait son plein avec un froid intense. Un léger brouillard, fumant, s’attarde aux abords de la clôture du centre. Sous un géant manguier, aux longues branches qui rasent le toit de la maternité, de nombreuses mères s’impatientent à vacciner leurs enfants âgés au plus de onze mois. Elles sont, pour la plupart, assises sur le bord du long balcon de la maternité, de part et d’autre de la table de vaccination, sortie pour la circonstance, faute de salle ou de paillote adéquates. Certaines mères, allaitant leurs enfants, ont pris place sur des morceaux de briques. Mina Takeda, une jeune volontaire japonaise, vérifie les carnets de vaccination, pendant que l’infirmière, Léontine Martin Coreia, installe les boîtes à vaccination. 
Après cela, elles procèdent à la pesée des enfants, non sans mentionner leurs poids dans le carnet. Mais bien avant cette étape, elles organisent, pendant une vingtaine de minutes, une petite animation d’information, d’éducation et de communication (IEC), pour exhorter les mères au respect des dates de vaccination consignées, dans les carnets. Selon l’infirmière, il arrive, très souvent, que les mamans oublient les jours de vaccination et viennent en retard.
Ce jour-là, elles arrivent aux comptes gouttes, et Léontine ne manque pas de leur rappeler les conséquences de leur retard. Après la pesée, tour à tour, les enfants sont soumis aux injections. Le type de vaccin administré dépend de l’âge de l’enfant. Les mères, qui sont à leur dernière vaccination, attendent, pendant que les autres disparaissent. Cette séance de vaccination s’est déroulée, sous les yeux de l’envoyé spécial de La nouvelle Gazette.
Les moustiquaires incitent certains parents à venir
Au Bénin, les campagnes de vaccination de routine, au profit des enfants, de 0 à 11 mois, ont lieu, tous les jours ouvrables, dans les hôpitaux et centres de Santé. La  vaccination est gratuite. De la naissance à 9 mois, en passant par 6, 10 et 14 semaines, l’enfant doit recevoir les antigènes contre la poliomyélite, la tuberculose, la diphtérie, le tétanos, la coqueluche, la rougeole et la fièvre jaune. Durant toute cette période, la vaccination est obligatoire. 
Au cours de la dernière, à 9 mois, la mère reçoit gratuitement un moustiquaire imprégnée pour se protéger contre le vecteur du paludisme, Plasmodium falciparum« Quand les mères amènent leurs enfants pour la dernière vaccination, il est recommandé de leur distribuer des moustiquaires imprégnés », affirme Mme Léontine, infirmière et responsable programme élargi de Vaccination (Pev), au centre de Santé  de Dangbo. « C’est pour les motiver, les encourager à venir faire vacciner leurs enfants»
En effet, dans de nombreuses communes et localités du pays, des parentes sont, de plus en plus, réticentes à la vaccination des enfants. Elles ont peur de l’injection ou des effets secondaires des vaccins et des doutes sur la qualité du vaccin et de son effet protecteur. Mais, confie l’infirmière, « les moustiquaires incitent certains parents à venir pour en bénéficier, parce qu’ils n’ont pas l’argent pour en acheter »« Grâce à leur distribution gratuite, beaucoup d’entre elles viennent faire vacciner leurs enfants, dans les localités rurales,  comme Dangbo », indique Dr Conrad Déguénon, médecin-chef de ce centre.
 «  Notre moustiquaire est déchirée et nous n’avons pas d’argent pour acheter un neuf. Je suis très contente d’en recevoir », témoigne Diane Nounagnon qui, pourtant, a accusé un retard de vaccination d’un mois. 
Les moustiquaires imprégnés (pour lit à deux places) coûtent 2 500 francs CFA, dans le secteur informel, et 4 000 francs CFA, dans les pharmacies. De nombreux parents n’ont pas ces sommes, pour s’offrir un moustiquaire d’insecticide à longue durée d’action (MILDA). Ils attendent les campagnes de distribution gratuite, pour espérer recevoir un paquet.
En novembre 2010, la couverture vaccinale est de 112 % pour le BCG contre pour le DTC3 98 % et pour le VAR 92%.
Selon les données statistiques du système national d’Information sanitaire, le paludisme représente, en 2009, 25,5 % des hospitalisations, 21,9 % des décès, dont 5 464 enfants de moins de 5 ans. En attendant le vaccin contre le paludisme, le marketing autour de la vaccination est en marche et donne des résultats encourageants.
Christophe D. Assogba

Bénin: Des bénévoles pour aider à la lutte contre la tuberculose

Bénin

Des bénévoles pour aider à la lutte contre la tuberculose

Savez-vous que des bénévoles formés peuvent aider à la lutte contre la tuberculose, comme dans certains pays d’Amérique Latine ? Cette expérience qui renforce celle des « relais communautaires » peut bien marcher aussi au Bénin.

 « Depuis mon traitement, ma santé s’améliore. Je ne tousse plus comme avant », déclare Souradjou Badarou. Assis sur des morceaux de briques,  à l’entrée du dortoir 5, Souradjou et deux de ses copains, malades comme lui, partagent ensemble un repas servi à la cantine du  centre national hospitalier de Pneumo-phtisiologie (Cnhpp) Lazaret  de Cotonou. Un peu plus loin, Barnabé Tossou, assis dans le jardin, en face du bloc administratif, le regard un peu rêveur, prend allègrement l’air, tout en sifflotant un air de musique en langue fon. Devant la salle de consultation, des patients, attendent impatiemment leur tour pour la consultation. Certains jettent, par moment, un regard sur le poste téléviseur accroché contre un pan du mur du hall d’attente. Ce matin, l’hôpital vit déjà son animation et le beau spectacle des usagers de la maison, se déroule, devant l’envoyé spécial de La nouvelle Gazette, le vendredi 18 février 2010. « Je constate, avec satisfaction, que mon état de santé s’est amélioré, depuis mon entrée ici », confie Bernard.
Admis dans ce centre, Souradjou et Bernard se sentent soulagés. Ils sont contents du traitement gratuit qu’ils reçoivent. « Je ne paye rien, on ne nous vend pas les médicaments », indique Souradjou. Ils sont nombreux, les malades tuberculeux rencontrés, dans l’enceinte du centre Lazaret, qui clament leur satisfaction face aux diverses prestations. Ce matin-là, l’hôpital ne désemplie pas : de nouveaux patients viennent se faire diagnostiquer.


Rechercher les tuberculeux dans les prisons et les prendre en charge 

Le centre Lazaret  de Cotonou est le plus grand des 57 centres de Dépistage et de Traitement  de la Tuberculose (Cdt) au Bénin. La nécessité d’un rapprochement du traitement de la maladie au patient a amené les autorités sanitaires, avec le soutien des partenaires techniques et financiers (Ptf), à mettre en place des « centres de traitement direct observés (Ctdo) », explique Dr Diane Atchaoué Capo-Chichi, médecin au centre Lazaret.
A côté des  Ctdo, où, selon Dr Secondine Gnintoungbé, médecin dans le projet Tb Reach, « on ne fait pas le dépistage, mais seulement le traitement après dépistage dans un Cdt », il y a les centres collaborateurs installés, dans les centres de Santé, de certaines localités rurales. Tous ces centres, participent de la stratégie de lutte contre la tuberculose,  une vieille maladie, causée par un microbe appelé bacille de Koch (BK) qui, selon Dr Ferdinand Kassa,  responsable des formations au Programme national de lutte contre la Tuberculose (Pnt) « se transmet d’une personne malade à une personne saine par la toux, l’éternuement, la parole, la chanson etc. Elle ne se transmet pas par les ustensiles de cuisine, les repas, les habits, les nattes ou tout autre objet usuel ».
Au Bénin, en  2011, 3 841 malades tuberculeux ont été recensés contre 3 987, en 2010. Sur les 3 841, on compte environ 585 malades infectés par le VIH/Sida. « Le degré élevé de La contagion de la tuberculose n’échappe à personne. Tout le monde peut attraper cette maladie », indique Dr Kassa.   
Le Bénin s’inscrit dans la dynamique de l’éradication de la tuberculose. C’est pourquoi, en dehors des cdt installés, sur l’ensemble du territoire national, l’accent est  aussi mis sur la sensibilisation et l’information des populations, à travers les médias et surtout  la collaboration avec les tradipraticiens qui reçoivent beaucoup de malades. «On ne peut pas seulement faire le dépistage et le traitement », déclare Dr Capo-Chichi. « On  collabore aussi avec le Programme national de lutte contre le sida (Pnls) car parmi les personnes vivant avec le virus du sida, on trouve beaucoup de malades tuberculeux », ajoute-t-elle, avant de dire qu’aujourd’hui, la stratégie est de «rechercher les tuberculeux dans les prisons et de les prendre en charge ».
Le Pnt fait également de la formation des agents de santé, toutes catégories confondues, une priorité, et cela donne des résultats encourageants. «La stratégie marche. Quand on détecte les malades, ils ont le choix entre les Cdt, les Ctdo  et les centres collaborateurs et trouvent satisfaction au bout du rouleau », assure la major du centre Lazaret.


Ils peuvent, aussi, satisfaire les patients et leur administrer les médicaments

La tuberculose constitue l’un des principaux problèmes de santé, au Bénin. Il n’existe pas de Cdt ou de Ctdo dans le milieu rural ; les malades sont presque livrés à leur sort. Dans certaines localités rurales, de nombreux agents de santé ont des difficultés pour communiquer avec leurs patients. De plus, nombreux sont ceux qui n’ont pas la culture de l’hôpital ou sont réticents à aller à l’hôpital et préfèrent se confier à des tradithérapeutes. Et dans le lot, on y trouve des malades tuberculeux.
Dès lors, le problème, qui se pose, est le suivant : comment réduire le nombre de personnes contaminées par le microbe de la tuberculose, comment réduire le taux de mortalité qui est de 1 %, en 2009, contre 2 %, en 2008. Comment augmenter le taux de succès thérapeutique qui est de 90 %, en 2009. Pour surmonter ces difficultés, il est possible de mettre en place un réseau communautaire de bénévoles, pour aider les patients ou personnes dans le besoin, afin de s’adresser à un hôpital. Certes, il existe des relais communautaires forts de « personnes formées pour identifier, dans les maisons, les âmes qui toussent et  les orienter vers les centres de santé », selon Dr Raïmatou Akpona, responsable en co-infection tuberculose Vih/sida, au centre Lazaret.
Par contre, les bénévoles seront de jeunes hommes et femmes, vivant dans les communautés rurales, ayant reçu une formation d’aide aux tuberculeux, quand à leur traitement et au contrôle de la maladie. Ils peuvent aussi satisfaire leurs patients et leur administrer les médicaments.
Ces jeunes, qui se livrent habituellement à l'agriculture familiale et au travail domestique ou ne s’adonnent à rien et constituent des charges pour leur famille et la communauté, peuvent consacrer quelques heures par semaine au bénévolat, pour visiter les hameaux lointains, sans dispensaires. L’association de Bénévoles à la Lutte contre la Tuberculose, fonctionne bien, ailleurs et, notamment, en Amérique Latine, et donne des résultats concluants, selon une étude qui a analysé le rôle des ces travailleurs bénévoles appelés « promoteurs de la santé ». Ce réseau, bien organisé, constitue un autre rempart contre la tuberculose au Bénin. La stratégie pourrait inclure un travail de collaboration entre « les réseaux communautaires de soutien aux hôpitaux et les cliniques qui assureraient une formation et des médicaments pour traiter la tuberculose ».

Christophe D. ASSOGBA

Santé : robotiser la chirurgie et l’anesthésie est désormais possible

Santé : robotiser la chirurgie et l’anesthésie est désormais possible
Saviez-vous qu’on peut réaliser, en toute sécurité et sûreté, des opérations chirurgicales à distance, comme à l’hôpital général de Montréal, au Canada ? Et pourtant, nos chirurgiens s’échinent encore pour opérer leurs patients.
Les résultats de la première intervention chirurgicale robotisée, menée par des médecins du centre universitaire de santé de l’université McGill (CUSM), sont très concluants. Le robot chirurgical, DaVinci, conçu en été dernier, et le système robotisé d’anesthésie, surnommé McSleepy, qui délivre des anesthésies automatisées, depuis 2008, ont permis de réaliser cette prouesse chirurgicale, selon le communiqué de presse, du service des relations avec les médias, de l’université McGill parvenu, à La Nouvelle Gazette, le 19 octobre 2010.
Aujourd’hui, les robots peuvent intervenir dans des soins et même remplacer parfois l’homme, dans certaines tâches chirurgicales. « La collaboration entre le DaVinci et McSleepy semblait évidente; les robots en médecine peuvent délivrer des soins sûrs de haute précision, améliorant ainsi les résultats », indique le Dr TM Hemmerling, du département d’Anesthésie de l’université McGilll et du CUSM, en même temps, chercheur en neurosciences à l’institut de recherche (IR) de ce centre.
Les robots ne remplaceront pas les médecins dans leur travail
 « Le robot DaVinci nous permet d’opérer d’un poste de travail tout, en manœuvrant délicatement des instruments chirurgicaux manuellement, avec une précision qu’un humain seul ne pourrait reproduire », explique le Dr A. Aprikian, chef du service urologie au CUSM, directeur de la mission des soins oncologiques et chercheur en cancérologie à l’IR du CUSM.
 Avec son équipe de chirurgiens, il active les bras robotiques, depuis une station de, via une vidéo contrôle à trois dimensions (3D), de haute définition qui transmet une « qualité d’image inégalée ». « L’anesthésie automatisée, délivrée par McSleepy, garantit la même haute qualité de soin à chaque utilisation, indépendamment des différents niveaux subjectifs d’expertise. Il peut être exactement configuré, selon les besoins spécifiques des différentes chirurgies, telle que la chirurgie robotisée », explique le Dr Hemmerling, membre de l’équipe.
Mais avertit-il : « Évidemment, il reste encore beaucoup de travail, afin de perfectionner l’approche robotique; des divers aspects techniques aux exigences d’espace pour les robots ».
Les robots interviennent en chirurgie, depuis quelques temps. L’anesthésie robotisée est venue maintenant s’y ajouter. Malgré cet exploit technologique, les robots ne remplaceront pas les médecins dans leur travail mais les aideront, selon le Dr Aprikian, à pratiquer une « chirurgie plus rapide, plus sûre et plus précise pour nos patients ».
Christophe D. Assogba

Bénin : du biocarburant pour remplacer l’essence frelatée

 Bénin : du biocarburant pour remplacer l’essence frelatée
 
 « La production et la consommation en grande quantité de biocarburants pourraient contribuer, dans les prochaines années, à réduire la consommation de l’essence frelatée ».  Ces propos sont de Claude Allagbé, directeur de la Promotion du Commerce intérieur. Il l’a déclaré, lors d’un entretien accordé à l’envoyé spécial de La Nouvelle Gazette, dans l’enceinte du ministère du commerce du Bénin, à Cotonou, le 10 août 2010.
L’essence, vendue dans le secteur informel, représente entre 70 et 80 % de la consommation nationale totale d’essence, soit environ 300 millions de litres, chaque année.
Cette essence frelatée, vendue aux abords des artères des villes et villages, sur toute l’étendue du territoire national, provient du trafic illégal des produits pétroliers, en provenance du Nigeria, pays avec qui le Bénin partage plus de 700 kilomètres de frontière.
 
Le coût des infections respiratoires a été évalué à environ 600 millions de francs CFA
 
Sur le plan financier, la commercialisation de ce produit entraîne des manques à gagner à l’Etat. En 2004, les pertes de recettes fiscales sont estimées à 21 901 652 371 francs CFA.
Selon les estimations des compagnies pétrolières, Oryx et Total, l’Etat perdrait, chaque année, entre 20 et 24 milliards de francs CFA de recettes sur son budget national. Les pertes totales cumulées — les pertes fiscales liées au trafic du gasoil et à la subvention que l’Etat accorde aux prix du pétrole lampant — représentent environ 25 milliards de francs CFA. Ce montant représente 1,23 % du PIB.
Par contre, le commerce frauduleux de produits pétroliers procurerait un gain net de 12 milliards de francs CFA à l’économie béninoise.
Sur le plan sanitaire, le trafic et le commerce des produits pétroliers frelatés sont responsables de nombreuses affections respiratoires, notamment, chez les conducteurs de taxis-motos. A Cotonou, le coût des infections respiratoires a été évalué à environ 600 millions de francs CFA par an et celui du saturnisme à 20 milliards de francs CFA.
 
Un programme de développement des biocarburants est en cours
 
Le problème, qui se pose, est le suivant : comment réduire la consommation de l’essence frelatée par les populations, comment mettre fin aux pertes occasionnées à l’Etat et comment éviter les nombreuses conséquences sur l’environnement et sur la santé, et ce, après les « résultats mitigés » de la lutte contre le trafic. Pour cela, des solutions ont été envisagées par la recherche agricole, indique Claude Allagbé. « En dehors de la reconversion des acteurs du secteur informel et de la création de micro-stations d’essence, le gouvernement encourage la production de biocarburants », indique-t-il.
Dans ce sillage, plus de 100 litres de biocarburants sont déjà produits, au Bénin, en utilisant le jatropha, plante cultivée dans les communes d'Abomey-Calavi et de Tori-Bossito, situées dans le département de l’Atlantique, et de Zakpota, dans le département du Zou.
Cette production de biocarburants est financièrement soutenue par le programme des Nations unies pour le Développement (Pnud-Bénin), à travers le programme de Micro-financement du fonds pour l'Environnement mondial (Fem).
Partie de 20 hectares, en 2007, la production de jatropha est passée à 30 hectares, en 2009, selon un communiqué de presse du service de presse du bureau régional du Pnud, parvenu à La Nouvelle Gazette, le mercredi 8 septembre 2010.
Par ailleurs, dans le cadre du projet de Fourniture des Services d’Energie (Pfne) de la direction générale de l’Energie, financé en partie par la Banque mondiale, un programme de Développement des Biocarburants — bioéthanol et  biodiesel — est en cours, au niveau de la composante biomasse du projet. Il va permettre, conclut M. Koffi Ablé, responsable de la gestion des ressources naturelles au Pfse, « de produire du biodiesel, à partir du ricin (Ricinus communis) et du pourghère (Jatropha curcas) destiné au secteur agricole, aux transports et à la production d’électricité. Il servira également à produire du bioéthanol qui sera utilisé comme énergie de cuisson et comme carburant de substitution à l’essence, à partir de la pomme d’anacarde ».
Christophe D. Assogba

Bénin : introduction d’un vaccin contre les infections respiratoires

Bénin : introduction d’un vaccin contre  les infections respiratoires

C’est encore un pas de plus que d’introduire, dans le système sanitaire béninois, cette année, un nouveau vaccin pour lutter contre les infections respiratoires.

Le pneumocoque est le nouveau vaccin qui sera introduit, dans le système sanitaire du Bénin, en 2011, a déclaré Dr Célestin Gansè, médecin de Santé publique, chef de service de l’Initiative de Bamako, àla direction nationale du programme élargie de Vaccination et des Soinsde Santé primaire (Dnpev). C’était lors d’un entretien avec une équipe de la télévision américaine, Vbs Tv, auquel a pris part l’envoyé spécial de La Nouvelle Gazette, le vendredi 14 janvier 2011.  
 « Il y a deux nouveaux vaccins qui seront introduits, mais cette année, les autorités sanitaires ont prévu d’introduire le pneumocoque »,renchérit Dr Conrad Déguénon, médecin-chef du centre de Santé de Dangbo, commune située à 6 kilomètres de Porto-Novo, capitale du Bénin, située à 40 kilomètres, à l’est de Cotonou.  

Au Bénin, les infections respiratoires aiguës font parties des 5 premières affections. Elles sont responsables de nombreux cas de décès chez les enfants. « Pendant la saison des pluies et la période de l’harmattan, on enregistre de nombreux cas chez les enfants », signale Dr Dossou Dagba, pédiatre à l’hôpital de zone d’Abomey-Calavi, une localité, à environ 15 kilomètres, au nord de Cotonou. Les bactéries et les virus sont les principaux agents responsables des infections respiratoires inférieure, aiguë ou chronique.

« Nous avons de nombreux cas surtout parmi les enfants. Nous avons appris que le vaccin contre le pneumocoque sera désormais administré, dans les hôpitaux. Cela va permettre de lutter véritablement contre les maladies respiratoires et de soulager les populations », confie Mme Léontine Martin Coreia, infirmière et responsable du programme élargi de Vaccination (Pev), au centre de Santé de Dangbo.

Pendant le délestage, on est obligé de transvaser les vaccins vers d’autres lieux de conservation

Au Bénin, 9 vaccins sont administrés, dans les hôpitaux et centres de santé. Il s’agit des vaccins contre la coqueluche, le tétanos, la fièvre jaune, la poliomyélite, le choléra, l’hépatite B, la tuberculose – BCG – ,la méningite et le fièvre typhoïde. Le pneumocoque sera le dixième vaccin qui sera autorisé.

Cependant, l’introduction du pneumocoque posera des problèmes de stockage. « Notre capacité de stockage est limité et nos chambres froides sont dans un état de vétusté avancé », affirme Crespin H. Kougla, inspecteur d’Action sanitaire et responsable du centre national de Stockage des Vaccins. « Nous sommes en train de prendre des dispositions pour augmenter la capacité de stockage des vaccins, au niveau national et départemental. Nous devons construire les abris de stockage et acheter les chambres froides », révèle Dr Célestin Gansè.Les chambres froides existantes ont besoin aussi de grands générateurs pour suppléer à l’alimentation de courant électrique. Pendant le délestage, on est obligé de transporter les vaccins vers d’autres lieu de conservation ».

Christophe D. Assogba


Bénin : les fertilisants Ecosan améliorent la production maraîchère

Bénin : les fertilisants Ecosan améliorent la production maraîchère
Basées sur le principe de Lavoisier, « Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme », les fertilisants organiques, fabriqués à partir des latrines Ecosan, améliorent, de plus en plus, la production maraîchère, au Bénin.

Jardin maraîcher de Gbérougbéra, sis derrière l’aérodrome de Parakou, ville située à environ quatre cent cinquante kilomètres au nord de Cotonou, la métropole économique du Bénin. Il s’en va sonner dix-huit heures, ce jeudi 14 octobre 2010. A l’horizon, le soleil forme un disque rougeâtre, au bord d’un ciel bleu clair qui tire parfois vers le blanc et le gris. Ses rayons, moins incisifs qu’à midi, annoncent la tombée de la nuit. Petit à petit, le disque se rétrécit. Il s’enfonce dans les nuages qui se désenchevêtrent et vont s’amonceler à l’ouest, après une longue traversée. C’est la dernière séance d’arrosage des plantes du jour pour Codjo Dossou. Ce jeune jardinier, la trentaine révolue, s’empresse de terminer son travail, avant que l’obscurité ne s’installe sur l’immense jardin d’environ deux hectares. Il prélève, dans un bidon de cinquante litres, un liquide jaunâtre auquel il ajoute de l’eau, avant de s’en servir pour arroser les planches de légumes (grande morelle), de feuilles de laitues, de carottes et d’oignons. Codjo confie que c’est de l’urine que contient ce bidon. « J’utilise toujours ce mélange pour l’arrosage de mes cultures », dit-il, le corps à moitié nu tout en sueur.
A quelques kilomètres de Gbérougbéra, le lendemain, sur le site de Benwarou, à la sortie de la ville en direction de Cotonou, c’est le même constat chez Assanatou Chabi. Cette maraîchère, la cinquantaine, qui vend ses produits composés de légumes et légumineuses — carotte, chou, concombre, courgette, feuille de laitue, oignon, crincrin, gombo, piment et tomate — au « marché dépôt » de Parakou, déclare avoir découvert cette recette, il y a trois ans, grâce au centre régional pour l’Eau potable et l’Assainissement à faible Coût (Crepa-Bénin). « Avant, j’utilise les engrais chimiques. Mais maintenant, je fertilise mes planches avec du compost et de l’urine », déclare Assanatou. Le même constat s’observe aussi à Tchatchou, un arrondissement de la commune de Tchaourou à environ 56 kilomètres au sud de Parakou. Sur ce site maraîcher, non loin de la gare ferroviaire, tous les producteurs utilisent les excrétas et l’urine pour leur production. Ces trois jardins ont constitué des sites expérimentaux pour le Crepa-Bénin, dès l’introduction de la technologie Ecosan, dans le nord du pays.
Avec Ecosan, rien ne se perd, tout se gagne
Face aux difficultés d’assainissement au Bénin, ce centre a mis en place différents types de latrines, dont Ecosan (assainissement écologique), pour protéger l’environnement et promouvoir le traitement et la réutilisation des déchets (excréta et urine) dans l’agriculture. « Ecosan est une des réponses que le réseau Crepa apporte à la gestion des déchets liquides produits au niveau des ménages », affirme Auguste Kessou, chef d’antenne à Crepa-Parakou. « Les latrines Ecosan constituent une opportunité pour l’assainissement de notre cadre de vie. La gestion des boues de vidange, des excrétas, des urines constitue un sérieux problème. Par le passé, ces produits sont rejetés dans la nature et polluent l’environnement. Avec Ecosan, ils sont désormais récupérés et valorisés », renchérit Martin Ahouandjinou, technicien d’hygiène et d’assainissement au service d’Hygiène de la Donga. « Les latrines Ecosan sont très bonnes pour l’assainissement écologique de notre milieu de vie », indique Afiz Toko Imorou, technicien supérieur en génie de l’environnement.
La récupération des matières fécales est simple, puisque la latrine Ecosan n’est souvent pas profonde comme les latrines traditionnelles. Elle est construite en matériaux définitifs. L’ouvrage permet de séparer les excrétas de l’urine. L’urine est conduite dans un bidon situé à l’extérieur de la cabine par une canalisation. La fosse, au bas du plancher, permet seulement de recueillir les matières fécales. « Ces latrines sont subdivisées en deux fosses. Il y a une fosse pour les matières fécales et une autre destinée à recevoir les urines », explique Afiz Toko Imorou. « L’urine n’est jamais mélangée aux excrétas qui font l’objet d’un traitement avant leur application dans l’agriculture. On ne mélange pas l’urine parce que les deux matières ne subissent pas le même traitement. Le mélange des deux ne permet pas une hygiénisation propice, avant leur utilisation dans les champs », ajoute Auguste Kessou. « Quand les matières fécales sont mélangées dans une même fosse, cela ne permet pas la décomposition rapide de la matière fécale. Ce qui fait qu’on a les odeurs qui se dégagent et les mouches et autres insectes qui pullulent dans les toilettes », précise Afiz Toko Imorou.
Si l’urine est stockée, pendant trente jours, les excrétas sont récupérés après assèchement, au bout de 8 à 12 mois, en fonction des zones au climat humide ou sec. Dans le Nord, c’est 8 mois contre 12, au Sud. L’accélération de l’assèchement des excrétas se fait, en ajoutant de la cendre, après chaque défécation. « La cendre assèche, aspire l’humidité contenue dans les matières fécales pour une meilleure utilisation du produit. Les matières fécales sont répugnantes. Leur assèchement permet d’enlever les odeurs, de ne plus attirer les mouches et les insectes », dit Auguste Kessou. « Après la défécation, l’individu doit verser de la cendre dans la fosse. Elle accélère l’assèchement des matières fécales », ajoute Martin Ahouandjinou. Les rayons solaires contribuent également à assécher les excrétas. « Derrière la latrine, il y a une plaque chauffante peinte en noir qui attire les rayons solaires », précise-t-il.
« Avec Ecosan, rien ne se perd, tout se gagne. On assèche la matière fécale qui est utilisée comme compost dans la production agricole. De même, les urines sont utilisées pour amender les sols », ajoute Afiz Toko Imorou. « Lorsqu’on récupère les excrétas, il est sous forme de fumier ou de sable. L’analyse de ce fuimer permet de constater qu’il ne comporte pas souvent de microbes. Mais pour des précautions, on demande que ces excrétas soient utilisés dans le compostage mixte. On prend d’autres éléments comme les déchets ordinaires qu’on mélange, et cela permet d’utiliser un compost complet sans microbe », indique Ahouandjinou.
L’amélioration de la production maraîchère 
Développées, d’abord, dans le Sud du pays où il y existe « moins de contraintes socioculturelles », selon Kessou, les latrines Ecosan sont aussi appropriées aux communautés musulmanes qui utilisent souvent l’eau, pendant leurs toilettes. Dans les localités du Nord, notamment Parakou, Djougou, Kandi et Malanville, où la communauté musulmane est plus nombreuse, l’ouvrage est muni d’un petit puisard, réalisé à l’intérieur de la cabine qui reçoit l’eau des toilettes par le biais d’une canalisation.
Codjo et Assanatou ne sont pas les seuls maraîchers qui utilisent la technologie Ecosan, à travers le pays. A Agla, un quartier du 13e arrondissement de Cotonou, des maraîchers sont aussi abonnées aux fertilisants organiques fabriqués à partir des latrines Ecosan. Ceux de Sèmè-Kopdji (commune à l’est de Cotonou) bénéficient des avantages de ces fertilisants Ecosan. Tout comme leurs compagnons de Parakou et de Tchatchou, ils se sont libérés des engrais chimiques grâce à Ecosan. Ils disposent à domicile de latrines Ecosan. S’ils utilisent les excrétas sous forme de compost, l’urine, à laquelle il ajoute de l’eau, sert à faire l’épandage des cultures et à pulvériser les plantes. « Ecosan, c’est une bonne marque qui a une double fonction d’assainissement et de fertilisant pour l’agriculture », déclare Adolphe Padonou, technicien de l’hydraulique et directeur d’entreprise à Sèmè-Kpodji.
Au Bénin, les produits maraîchers sont fortement utilisés dans l’alimentation avec les céréales. Les cultures maraîchères sont produites dans toutes les régions surtout au Sud. Ces dernières années, les bio-fertilisants Ecosan ont contribué à améliorer la production maraîchère saisonnière extensive en milieu rural et régulière dans les périmètres urbains et périurbains du Sud. Ils ont permis d’augmenter l’offre. Mais celle-ci demeure toujours au-dessous de la demande, malgré l’importation de légumes et de légumineuses du Togo, du Ghana, du Niger, du Nigeria et du Burkina Faso. Selon une étude récente du laboratoire d’Analyse régionale et d’Expertise sociale (LARES), « les volumes de pomme de terre, commercialisés sur le marché de Cotonou, représentent environ 10 fois la production locale. Aussi, la demande d'oignon sur le marché de Cotonou représente environ 120 % de l'offre nationale, tandis que pour la tomate, alors que la demande nationale annuelle est de 105 000 tonnes, l'offre est estimée à 84 000 tonnes ». Selon les statistiques disponibles au centre régional de Promotion agricole (Cerpa), le maraîchage produit en moyenne 6 523,95 tonnes de légumes, avec une variation de 2 592,28 tonnes par an.
La fertilisation du sol avec des engrais minéraux et organiques 
En outre, de nombreux maraîchers ont abandonné les engrais chimiques au profit de ces fertilisants. « Avec l’urine et les excrétas, je cultive de la canne à sucre. Au début des vacances, je cultive des tomates. L’utilisation des matières fécales est très économique. Je n’utilise plus de l’engrais chimique, car il est trop cher », confit Bienvenu Kpossou, maraîcher à Sèmè-Kpodji. «Je me sers de l’urine pour faire l’épandage de mes cultures et mes légumineuses et légumes sont appréciés par mes clients », renchérit Edgard Déguénon. « Je me sers du compost pour entretenir mon jardin », témoigne Urbain Padonou, chef du service de l’hygiène et de l’assainissement de base à la direction départementale de la Santé du Borgou et de l’Alibori, avant d’ajouter que « l’utilisation est contraignante ». L’usage de bio-fertilisants n’a pas encore fait disparaître l’utilisation des engrais chimiques — Decis, Cypercal, Endosulfan, Lindane, Endrine, Aldrine, etc. — dans le secteur. « Je ne vends plus les légumes cultivés avec des pesticides et engrais chimiques. Mes clients exigent des produits naturelles cultivés avec des fertilisants biologiques », confie madame Elisabeth Monteiro, vendeuse de légumineuses et de légumes au marché Fifadji de Cotonou.
« La fertilisation du sol avec des engrais minéraux et organiques pourrait tripler les rendements des cultures céréalières, en Afrique tropicale, et réaliser une révolution verte », explique Pedro A. Sánchez de l'institut de la Terre. Mais pour le moment, les engrais organiques d’origine Ecosan ne sont pas encore utilisés dans la production agricole à grande échelle pour augmenter la productivité de l’agriculture béninoise.
Christophe D. ASSOGBA



Santé au Mali: Le Malarial, médicament efficace contre le paludisme

Santé au Mali
Le Malarial, médicament efficace contre le paludisme
Les populations maliennes n’ont plus de soucis à se faire pour traiter le paludisme simple et, bientôt, le paludisme chronique. Le pays produit un médicament local contre cette maladie. Le Malarial qui remplace valablement la chloroquine déclarée, aujourd’hui, inefficace pour traiter cette maladie.

 Maternité Hamdalaye de Bamako. Un matin ensoleillé du 15 septembre 2010. Devant la salle de consultation, des patients, résignés, assis sur des bancs en fer rouillé, s’impatientent pour se faire consulter par l’infirmier. A côté, on entend des pleurs d’enfants probablement soumis aux injections. Les patients entrent et sortent de la salle de consultation. Certaines, des ordonnances en mains, se dirigent vers la pharmacie du centre. Elles reviennent souvent voir l’infirmier avec des sachets de médicaments faits à base de plantes séchées, qui leur répète de respecter le mode d’emploi. C’est le Malarial. Ce constat est celui de l’envoyé spécial de La nouvelle Gazette présent à la première réunion régionale francophone,  organisée par le Projet science journalisme en coopération (SjCOOP) de la fédération mondiale des Journalistes scientifiques, qui s’est tenue du 13 au 17 septembre 2010, à Bamako, au siège du Centre Charles Mérieux.
Suite aux cinq tests effectués, depuis 1990, sur la résistance du parasite, Plasmodium falciparum, le département de la Médecine traditionnelle (DMT) de l’institut national de la Recherche en Santé publique (INRSP) a mis sur le marché le Malarial qui soulage les symptômes de milliers de malades du paludisme au Mali. Ce médicament, à base d'extraits de trois plantes Ouest africaines a des propriétés contre le paludisme connues, depuis des générations : Cassia occidentalis (café nègre), Lippia chevalieri (kinkeliba) et Spilanthes oleraceae (cresson de para jaune). C’est S. oleraceae qui donne à ce produit toute sa propriété antipaludique.
Sa toxicité est testée sur des animaux
Vendu dans toutes les pharmacies du Mali au prix de 825 francs CFA le paquet de 11 sachets de 10 grammes, il  se consomme par voie orale sous forme de thé, parfois avec du citron pour « les personnes qui n’ont pas de problème de gastrites ». Au niveau de l’unité de production, il est livré aux revendeurs au prix de 600 francs CFA le paquet de 11 sachets. Pour Dr Adiaratou Togola, spécialiste en pharmacognosie (étude des médicaments provenant de substances animales et végétales), il ne peut être prescrit aux enfants de moins de 12 ans, en raison du fait que ces derniers ne présentent pas « une activité schizonticide suffisante » (le vecteur de la maladie résistant au médicament). La licence pour la production de ce médicament est détenue par le DMT qui travaille en collaboration avec les tradithérapeutes, à travers le pays.
Selon les estimations, rien qu'en Afrique, le paludisme tue 1 million de personnes par an, dont plus de  90 % sont des enfants âgés de moins de 5 ans. Il se manifeste par des céphalées, frissons, fièvres, nausées et vomissements. Il est classé en tête des maladies graves, dans le pays.
 La production du Malarial commence par la récolte des plantes entrant dans la composition du produit. Les autres étapes comprennent le séchage à l’ombre, le plus souvent de façon naturelle dans un local aéré, le contrôle de la qualité de la matière première et de la toxicité du produit, l’ensachage et l’empaquetage. « C’est quand la dose thérapeutique ne comporte aucun risque que le produit est mis sur le marché », a indiqué Dr Togola, avant d’ajouter que « sa toxicité est testée sur des animaux, avant sa mise en consommation ».
 Il n’est pas conseillé aux malades qui vomissent
Le Malarial constitue actuellement le médicament le plus efficace contre le paludisme mis au point, à ce jour, au Mali. Son utilisation commence à entrer dans les habitudes des populations. Les tradithérapeutes du marché de Hamdalaye de Bamako disent souvent le conseiller à leurs clients, à cause de ses propriétés antipaludiques avérées.
Les succès de ce médicament ont fait augmenter la production qui « reste encore artisanale », notent Dr Adiaratou Togola et Dr Chaka Diakité, gastro-entérologues. Même si « les besoins de la population malienne ne sont pas totalement couverts », explique Dr Togola, la production actuelle « permet de préserver l’environnement ».
Le laboratoire du DMT produit environ 600 paquets de Malarial par mois, rien que pour le marché malien, vendus à  4 320 000  francs CFA par an. 
Selon les personnes interrogées, ce médicament s'avère très efficace contre le paludisme et a prouvé posséder un immense potentiel de traitement du paludisme simple, des affections grippales et para-grippales et des fièvres. « Mais dans le cas d’un paludisme grave, il n’est pas conseillé aux malades qui vomissent », recommande Dr Drissa Doumbia, de la maternité de Hamdalaye. « Généralement, il sert aux personnes qui ne vomissent pas », précise Dr Abdoulaye Dolo, tradithérapeute et président de la confédération malienne de Collaboration de la Médecine conventionnelle et de la Médecine traditionnelle (CONCOMET). « Son efficacité repose sur une plante qui est active contre le parasite et d’autres actives contre les symptômes de la maladie », indique Dr Togola. « Il est largement utilisé, pendant les périodes de transmission du paludisme », constate-t-elle. « Quand je prends une tasse de Malarial, 30 minutes après, je me sens soulagé de mes maux », renchérit Afoussatou Dembelé, secrétaire dans un télécentre de la place.
En dehors de Malarial, 6 autres produits développés
Pour le moment, il ne montre pas encore des signes d’effets secondaires. Par contre, en Asie du Sud-Est, des informations affirment que le parasite du paludisme a développé une résistance à l'artémisinine, un autre produit de la pharmacopée traditionnelle,  chez certaines personnes.
Selon Dr Diakité, depuis quelques temps, le DMT travaille sur le Sumafura Bengaly « pour traiter le paludisme compliqué » et, confirme-t-il, ce nouveau produit, dont les essais cliniques sont positifs,  sera commercialisé sous la forme sirop,  plus commode que la forme décoction et, d’ailleurs, plus facile à donner aux enfants.
En dehors de Malarial, 6 autres produits développés, à partir des plantes locales, et approuvés pour une utilisation au Mali, sont aussi en vente sur le marché. Ces produits comprennent le sirop traitant la toux Balembo ou toux rebelle et fabriqué à partir de Febrifuga Crossopteryx (arbre à supplice). Dysenteral thé est l'un des médicaments produits  à partir de Euphorbia hirta (malnommée ou petite euphorbe) pour traiter la dysenterie. Le Psorospermin, un médicament à base de Psorospermum guineense (guttifère), sous forme de pommade, sert à traiter les dermatoses. A cela, il faut ajouter le thé Hepatisane, fabriqué à partir du kinkéliba pour guérir les troubles digestifs liés au foie, le thé Laxia-Cassia Italica de Cassia pour les constipations et le Gastrosedal contre l'ulcère de l'estomac et les gastrites.
Christophe D. ASSOGBA


Financement de la recherche : le Mali tributaire de l’extérieur

Financement de la recherche : le Mali  tributaire de l’extérieur           
Trois chercheurs en médecine, en agriculture et en énergie ont déclaré que la  recherche dans les pays Ouest africains francophones, en général, et au Mali, en particulier, est tributaire de l’aide extérieure. C’est à l’occasion de la première réunion régionale francophone, organisée par le Projet science journalisme coopération (SjCOOP) de la fédération mondiale des Journalistes scientifiques, qui s’est tenue du 13 au 17 septembre 2010, à Bamako au siège du Centre Charles Mérieux.
« La recherche est financée par l’extérieur. Il n’y a même pas 2 % des budgets des Etats réservés à la recherche. Des recommandations ont été faites, mais, malheureusement, les pays africains n’accordent pas beaucoup de financement à la recherche », a affirmé Pr Boubacar S. Cissé, toxicologue et directeur  général du Centre Charles Mérieux du Mali, avant d’ajouter quils « ont d’autres priorités, comme le relèvement des salaires des fonctionnaires, que la recherche ». Il tenait une conférence avec Dr Aly Kouriba, directeur scientifique de l’institut d’Economie rurale (IER) et  Pr Arona Coulibaly de l’école nationale des Ingénieurs.
Ces derniers ont aussi estimé que la décision de consacrer 1 % du produit intérieur brut (PIB) de chaque pays à la recherche est encore loin d’être une réalité, dans la plupart des pays. « Le Mali a essayé d’organiser la recherche avec l’institut de la Recherche scientifique et technologique (IRST) qui coordonne les activités de recherche. Toutes les structures de recherche ont un comité scientifique qui élabore les axes prioritaires de recherche. Si les axes de recherche intéressent des bailleurs de fonds, ils les financent, et ces financements sont plus importants que ceux de l’Etat », a précisé Pr Cissé. Il a donné l’exemple du projet de recherche, Action BioMali,  qui  vise à renforcer le dépistage et le suivi biologique des patients atteints de Vih/Sida, de tuberculose et du paludisme, grâce au financement de plus de 2 milliards de francs CFA de l’Union européenne.
 Dans le secteur de l’agriculture, le constat fait par Dr Aly Kouriba est le même. Selon ce chercheur, 60 % des ressources financières, consacrées à la recherche dans  le domaine agricole au Mali, proviennent de  l’extérieur contre 40 % consacrées par l’Etat. « Les ressources allouées à la recherche au Mali sont maigres », a ajouté Pr Arona Coulibaly qui expérimente, au niveau de son laboratoire, des solutions hybrides  visant  l’efficacité énergétique.
Les trois chercheurs ont plaidé pour un accroissement des financements nationaux alloués à la recherche, notamment, en tenant compte des domaines de souveraineté de l’Etat, car, a dit Dr Aly Kouriba « les bailleurs de fonds aident en fonction de certains objectifs et visions » qui sont les leurs et pas toujours ceux des pays financés.
Christophe D. ASSOGBA