Bénin Science

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jeudi 14 avril 2011

Bénin : du biocarburant pour remplacer l’essence frelatée

 Bénin : du biocarburant pour remplacer l’essence frelatée
 
 « La production et la consommation en grande quantité de biocarburants pourraient contribuer, dans les prochaines années, à réduire la consommation de l’essence frelatée ».  Ces propos sont de Claude Allagbé, directeur de la Promotion du Commerce intérieur. Il l’a déclaré, lors d’un entretien accordé à l’envoyé spécial de La Nouvelle Gazette, dans l’enceinte du ministère du commerce du Bénin, à Cotonou, le 10 août 2010.
L’essence, vendue dans le secteur informel, représente entre 70 et 80 % de la consommation nationale totale d’essence, soit environ 300 millions de litres, chaque année.
Cette essence frelatée, vendue aux abords des artères des villes et villages, sur toute l’étendue du territoire national, provient du trafic illégal des produits pétroliers, en provenance du Nigeria, pays avec qui le Bénin partage plus de 700 kilomètres de frontière.
 
Le coût des infections respiratoires a été évalué à environ 600 millions de francs CFA
 
Sur le plan financier, la commercialisation de ce produit entraîne des manques à gagner à l’Etat. En 2004, les pertes de recettes fiscales sont estimées à 21 901 652 371 francs CFA.
Selon les estimations des compagnies pétrolières, Oryx et Total, l’Etat perdrait, chaque année, entre 20 et 24 milliards de francs CFA de recettes sur son budget national. Les pertes totales cumulées — les pertes fiscales liées au trafic du gasoil et à la subvention que l’Etat accorde aux prix du pétrole lampant — représentent environ 25 milliards de francs CFA. Ce montant représente 1,23 % du PIB.
Par contre, le commerce frauduleux de produits pétroliers procurerait un gain net de 12 milliards de francs CFA à l’économie béninoise.
Sur le plan sanitaire, le trafic et le commerce des produits pétroliers frelatés sont responsables de nombreuses affections respiratoires, notamment, chez les conducteurs de taxis-motos. A Cotonou, le coût des infections respiratoires a été évalué à environ 600 millions de francs CFA par an et celui du saturnisme à 20 milliards de francs CFA.
 
Un programme de développement des biocarburants est en cours
 
Le problème, qui se pose, est le suivant : comment réduire la consommation de l’essence frelatée par les populations, comment mettre fin aux pertes occasionnées à l’Etat et comment éviter les nombreuses conséquences sur l’environnement et sur la santé, et ce, après les « résultats mitigés » de la lutte contre le trafic. Pour cela, des solutions ont été envisagées par la recherche agricole, indique Claude Allagbé. « En dehors de la reconversion des acteurs du secteur informel et de la création de micro-stations d’essence, le gouvernement encourage la production de biocarburants », indique-t-il.
Dans ce sillage, plus de 100 litres de biocarburants sont déjà produits, au Bénin, en utilisant le jatropha, plante cultivée dans les communes d'Abomey-Calavi et de Tori-Bossito, situées dans le département de l’Atlantique, et de Zakpota, dans le département du Zou.
Cette production de biocarburants est financièrement soutenue par le programme des Nations unies pour le Développement (Pnud-Bénin), à travers le programme de Micro-financement du fonds pour l'Environnement mondial (Fem).
Partie de 20 hectares, en 2007, la production de jatropha est passée à 30 hectares, en 2009, selon un communiqué de presse du service de presse du bureau régional du Pnud, parvenu à La Nouvelle Gazette, le mercredi 8 septembre 2010.
Par ailleurs, dans le cadre du projet de Fourniture des Services d’Energie (Pfne) de la direction générale de l’Energie, financé en partie par la Banque mondiale, un programme de Développement des Biocarburants — bioéthanol et  biodiesel — est en cours, au niveau de la composante biomasse du projet. Il va permettre, conclut M. Koffi Ablé, responsable de la gestion des ressources naturelles au Pfse, « de produire du biodiesel, à partir du ricin (Ricinus communis) et du pourghère (Jatropha curcas) destiné au secteur agricole, aux transports et à la production d’électricité. Il servira également à produire du bioéthanol qui sera utilisé comme énergie de cuisson et comme carburant de substitution à l’essence, à partir de la pomme d’anacarde ».
Christophe D. Assogba

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