Bénin Science

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jeudi 14 avril 2011

Santé au Mali: Le Malarial, médicament efficace contre le paludisme

Santé au Mali
Le Malarial, médicament efficace contre le paludisme
Les populations maliennes n’ont plus de soucis à se faire pour traiter le paludisme simple et, bientôt, le paludisme chronique. Le pays produit un médicament local contre cette maladie. Le Malarial qui remplace valablement la chloroquine déclarée, aujourd’hui, inefficace pour traiter cette maladie.

 Maternité Hamdalaye de Bamako. Un matin ensoleillé du 15 septembre 2010. Devant la salle de consultation, des patients, résignés, assis sur des bancs en fer rouillé, s’impatientent pour se faire consulter par l’infirmier. A côté, on entend des pleurs d’enfants probablement soumis aux injections. Les patients entrent et sortent de la salle de consultation. Certaines, des ordonnances en mains, se dirigent vers la pharmacie du centre. Elles reviennent souvent voir l’infirmier avec des sachets de médicaments faits à base de plantes séchées, qui leur répète de respecter le mode d’emploi. C’est le Malarial. Ce constat est celui de l’envoyé spécial de La nouvelle Gazette présent à la première réunion régionale francophone,  organisée par le Projet science journalisme en coopération (SjCOOP) de la fédération mondiale des Journalistes scientifiques, qui s’est tenue du 13 au 17 septembre 2010, à Bamako, au siège du Centre Charles Mérieux.
Suite aux cinq tests effectués, depuis 1990, sur la résistance du parasite, Plasmodium falciparum, le département de la Médecine traditionnelle (DMT) de l’institut national de la Recherche en Santé publique (INRSP) a mis sur le marché le Malarial qui soulage les symptômes de milliers de malades du paludisme au Mali. Ce médicament, à base d'extraits de trois plantes Ouest africaines a des propriétés contre le paludisme connues, depuis des générations : Cassia occidentalis (café nègre), Lippia chevalieri (kinkeliba) et Spilanthes oleraceae (cresson de para jaune). C’est S. oleraceae qui donne à ce produit toute sa propriété antipaludique.
Sa toxicité est testée sur des animaux
Vendu dans toutes les pharmacies du Mali au prix de 825 francs CFA le paquet de 11 sachets de 10 grammes, il  se consomme par voie orale sous forme de thé, parfois avec du citron pour « les personnes qui n’ont pas de problème de gastrites ». Au niveau de l’unité de production, il est livré aux revendeurs au prix de 600 francs CFA le paquet de 11 sachets. Pour Dr Adiaratou Togola, spécialiste en pharmacognosie (étude des médicaments provenant de substances animales et végétales), il ne peut être prescrit aux enfants de moins de 12 ans, en raison du fait que ces derniers ne présentent pas « une activité schizonticide suffisante » (le vecteur de la maladie résistant au médicament). La licence pour la production de ce médicament est détenue par le DMT qui travaille en collaboration avec les tradithérapeutes, à travers le pays.
Selon les estimations, rien qu'en Afrique, le paludisme tue 1 million de personnes par an, dont plus de  90 % sont des enfants âgés de moins de 5 ans. Il se manifeste par des céphalées, frissons, fièvres, nausées et vomissements. Il est classé en tête des maladies graves, dans le pays.
 La production du Malarial commence par la récolte des plantes entrant dans la composition du produit. Les autres étapes comprennent le séchage à l’ombre, le plus souvent de façon naturelle dans un local aéré, le contrôle de la qualité de la matière première et de la toxicité du produit, l’ensachage et l’empaquetage. « C’est quand la dose thérapeutique ne comporte aucun risque que le produit est mis sur le marché », a indiqué Dr Togola, avant d’ajouter que « sa toxicité est testée sur des animaux, avant sa mise en consommation ».
 Il n’est pas conseillé aux malades qui vomissent
Le Malarial constitue actuellement le médicament le plus efficace contre le paludisme mis au point, à ce jour, au Mali. Son utilisation commence à entrer dans les habitudes des populations. Les tradithérapeutes du marché de Hamdalaye de Bamako disent souvent le conseiller à leurs clients, à cause de ses propriétés antipaludiques avérées.
Les succès de ce médicament ont fait augmenter la production qui « reste encore artisanale », notent Dr Adiaratou Togola et Dr Chaka Diakité, gastro-entérologues. Même si « les besoins de la population malienne ne sont pas totalement couverts », explique Dr Togola, la production actuelle « permet de préserver l’environnement ».
Le laboratoire du DMT produit environ 600 paquets de Malarial par mois, rien que pour le marché malien, vendus à  4 320 000  francs CFA par an. 
Selon les personnes interrogées, ce médicament s'avère très efficace contre le paludisme et a prouvé posséder un immense potentiel de traitement du paludisme simple, des affections grippales et para-grippales et des fièvres. « Mais dans le cas d’un paludisme grave, il n’est pas conseillé aux malades qui vomissent », recommande Dr Drissa Doumbia, de la maternité de Hamdalaye. « Généralement, il sert aux personnes qui ne vomissent pas », précise Dr Abdoulaye Dolo, tradithérapeute et président de la confédération malienne de Collaboration de la Médecine conventionnelle et de la Médecine traditionnelle (CONCOMET). « Son efficacité repose sur une plante qui est active contre le parasite et d’autres actives contre les symptômes de la maladie », indique Dr Togola. « Il est largement utilisé, pendant les périodes de transmission du paludisme », constate-t-elle. « Quand je prends une tasse de Malarial, 30 minutes après, je me sens soulagé de mes maux », renchérit Afoussatou Dembelé, secrétaire dans un télécentre de la place.
En dehors de Malarial, 6 autres produits développés
Pour le moment, il ne montre pas encore des signes d’effets secondaires. Par contre, en Asie du Sud-Est, des informations affirment que le parasite du paludisme a développé une résistance à l'artémisinine, un autre produit de la pharmacopée traditionnelle,  chez certaines personnes.
Selon Dr Diakité, depuis quelques temps, le DMT travaille sur le Sumafura Bengaly « pour traiter le paludisme compliqué » et, confirme-t-il, ce nouveau produit, dont les essais cliniques sont positifs,  sera commercialisé sous la forme sirop,  plus commode que la forme décoction et, d’ailleurs, plus facile à donner aux enfants.
En dehors de Malarial, 6 autres produits développés, à partir des plantes locales, et approuvés pour une utilisation au Mali, sont aussi en vente sur le marché. Ces produits comprennent le sirop traitant la toux Balembo ou toux rebelle et fabriqué à partir de Febrifuga Crossopteryx (arbre à supplice). Dysenteral thé est l'un des médicaments produits  à partir de Euphorbia hirta (malnommée ou petite euphorbe) pour traiter la dysenterie. Le Psorospermin, un médicament à base de Psorospermum guineense (guttifère), sous forme de pommade, sert à traiter les dermatoses. A cela, il faut ajouter le thé Hepatisane, fabriqué à partir du kinkéliba pour guérir les troubles digestifs liés au foie, le thé Laxia-Cassia Italica de Cassia pour les constipations et le Gastrosedal contre l'ulcère de l'estomac et les gastrites.
Christophe D. ASSOGBA


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