Bénin Science

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jeudi 14 avril 2011

Bénin: Des bénévoles pour aider à la lutte contre la tuberculose

Bénin

Des bénévoles pour aider à la lutte contre la tuberculose

Savez-vous que des bénévoles formés peuvent aider à la lutte contre la tuberculose, comme dans certains pays d’Amérique Latine ? Cette expérience qui renforce celle des « relais communautaires » peut bien marcher aussi au Bénin.

 « Depuis mon traitement, ma santé s’améliore. Je ne tousse plus comme avant », déclare Souradjou Badarou. Assis sur des morceaux de briques,  à l’entrée du dortoir 5, Souradjou et deux de ses copains, malades comme lui, partagent ensemble un repas servi à la cantine du  centre national hospitalier de Pneumo-phtisiologie (Cnhpp) Lazaret  de Cotonou. Un peu plus loin, Barnabé Tossou, assis dans le jardin, en face du bloc administratif, le regard un peu rêveur, prend allègrement l’air, tout en sifflotant un air de musique en langue fon. Devant la salle de consultation, des patients, attendent impatiemment leur tour pour la consultation. Certains jettent, par moment, un regard sur le poste téléviseur accroché contre un pan du mur du hall d’attente. Ce matin, l’hôpital vit déjà son animation et le beau spectacle des usagers de la maison, se déroule, devant l’envoyé spécial de La nouvelle Gazette, le vendredi 18 février 2010. « Je constate, avec satisfaction, que mon état de santé s’est amélioré, depuis mon entrée ici », confie Bernard.
Admis dans ce centre, Souradjou et Bernard se sentent soulagés. Ils sont contents du traitement gratuit qu’ils reçoivent. « Je ne paye rien, on ne nous vend pas les médicaments », indique Souradjou. Ils sont nombreux, les malades tuberculeux rencontrés, dans l’enceinte du centre Lazaret, qui clament leur satisfaction face aux diverses prestations. Ce matin-là, l’hôpital ne désemplie pas : de nouveaux patients viennent se faire diagnostiquer.


Rechercher les tuberculeux dans les prisons et les prendre en charge 

Le centre Lazaret  de Cotonou est le plus grand des 57 centres de Dépistage et de Traitement  de la Tuberculose (Cdt) au Bénin. La nécessité d’un rapprochement du traitement de la maladie au patient a amené les autorités sanitaires, avec le soutien des partenaires techniques et financiers (Ptf), à mettre en place des « centres de traitement direct observés (Ctdo) », explique Dr Diane Atchaoué Capo-Chichi, médecin au centre Lazaret.
A côté des  Ctdo, où, selon Dr Secondine Gnintoungbé, médecin dans le projet Tb Reach, « on ne fait pas le dépistage, mais seulement le traitement après dépistage dans un Cdt », il y a les centres collaborateurs installés, dans les centres de Santé, de certaines localités rurales. Tous ces centres, participent de la stratégie de lutte contre la tuberculose,  une vieille maladie, causée par un microbe appelé bacille de Koch (BK) qui, selon Dr Ferdinand Kassa,  responsable des formations au Programme national de lutte contre la Tuberculose (Pnt) « se transmet d’une personne malade à une personne saine par la toux, l’éternuement, la parole, la chanson etc. Elle ne se transmet pas par les ustensiles de cuisine, les repas, les habits, les nattes ou tout autre objet usuel ».
Au Bénin, en  2011, 3 841 malades tuberculeux ont été recensés contre 3 987, en 2010. Sur les 3 841, on compte environ 585 malades infectés par le VIH/Sida. « Le degré élevé de La contagion de la tuberculose n’échappe à personne. Tout le monde peut attraper cette maladie », indique Dr Kassa.   
Le Bénin s’inscrit dans la dynamique de l’éradication de la tuberculose. C’est pourquoi, en dehors des cdt installés, sur l’ensemble du territoire national, l’accent est  aussi mis sur la sensibilisation et l’information des populations, à travers les médias et surtout  la collaboration avec les tradipraticiens qui reçoivent beaucoup de malades. «On ne peut pas seulement faire le dépistage et le traitement », déclare Dr Capo-Chichi. « On  collabore aussi avec le Programme national de lutte contre le sida (Pnls) car parmi les personnes vivant avec le virus du sida, on trouve beaucoup de malades tuberculeux », ajoute-t-elle, avant de dire qu’aujourd’hui, la stratégie est de «rechercher les tuberculeux dans les prisons et de les prendre en charge ».
Le Pnt fait également de la formation des agents de santé, toutes catégories confondues, une priorité, et cela donne des résultats encourageants. «La stratégie marche. Quand on détecte les malades, ils ont le choix entre les Cdt, les Ctdo  et les centres collaborateurs et trouvent satisfaction au bout du rouleau », assure la major du centre Lazaret.


Ils peuvent, aussi, satisfaire les patients et leur administrer les médicaments

La tuberculose constitue l’un des principaux problèmes de santé, au Bénin. Il n’existe pas de Cdt ou de Ctdo dans le milieu rural ; les malades sont presque livrés à leur sort. Dans certaines localités rurales, de nombreux agents de santé ont des difficultés pour communiquer avec leurs patients. De plus, nombreux sont ceux qui n’ont pas la culture de l’hôpital ou sont réticents à aller à l’hôpital et préfèrent se confier à des tradithérapeutes. Et dans le lot, on y trouve des malades tuberculeux.
Dès lors, le problème, qui se pose, est le suivant : comment réduire le nombre de personnes contaminées par le microbe de la tuberculose, comment réduire le taux de mortalité qui est de 1 %, en 2009, contre 2 %, en 2008. Comment augmenter le taux de succès thérapeutique qui est de 90 %, en 2009. Pour surmonter ces difficultés, il est possible de mettre en place un réseau communautaire de bénévoles, pour aider les patients ou personnes dans le besoin, afin de s’adresser à un hôpital. Certes, il existe des relais communautaires forts de « personnes formées pour identifier, dans les maisons, les âmes qui toussent et  les orienter vers les centres de santé », selon Dr Raïmatou Akpona, responsable en co-infection tuberculose Vih/sida, au centre Lazaret.
Par contre, les bénévoles seront de jeunes hommes et femmes, vivant dans les communautés rurales, ayant reçu une formation d’aide aux tuberculeux, quand à leur traitement et au contrôle de la maladie. Ils peuvent aussi satisfaire leurs patients et leur administrer les médicaments.
Ces jeunes, qui se livrent habituellement à l'agriculture familiale et au travail domestique ou ne s’adonnent à rien et constituent des charges pour leur famille et la communauté, peuvent consacrer quelques heures par semaine au bénévolat, pour visiter les hameaux lointains, sans dispensaires. L’association de Bénévoles à la Lutte contre la Tuberculose, fonctionne bien, ailleurs et, notamment, en Amérique Latine, et donne des résultats concluants, selon une étude qui a analysé le rôle des ces travailleurs bénévoles appelés « promoteurs de la santé ». Ce réseau, bien organisé, constitue un autre rempart contre la tuberculose au Bénin. La stratégie pourrait inclure un travail de collaboration entre « les réseaux communautaires de soutien aux hôpitaux et les cliniques qui assureraient une formation et des médicaments pour traiter la tuberculose ».

Christophe D. ASSOGBA

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